Art numérique, algorithme, sculpture générative & temporalité.

Vanitas

Vanité numérique (série)

Titre : Vanitas1.stl
Signature : Collectif Kaïros
Année : 2021- En cours

Exposé à :
► Premier Printemps, avril 2022, Galerie d’art contemporain le Pays Où le Ciel est Toujours Bleu (Orléans)

//Projet en cours//

Nous nous amusons des allers et retours entre les objets réels et virtuels afin de dévoiler les bugs et les aberrations grâce aux technologies de scans et d’impression 3D.




Vanité numérique (série)

Titre : Vanitas1.jpg
Signature : Collectif Kaïros (avec Eva Vedel)
Année : 2021- En cours
Exposé à :
► Premier Printemps, avril 2022, Galerie d’art contemporain le Pays Où le Ciel est Toujours Bleu (Orléans)

//Projet en cours//

Nous vivons dans le monde des data, un monde où tout s’archive dans de gigantesques datacenter, que ce soit nos données personnelles de navigation, l’évolution de la bourse ou encore les chiffres des récoltes de blé… Nous sauvegardons tout et rien, dans l’espoir fou de défier le temps, d’accéder à l’éternité via un numérique qui semble immuable. 

Le numérique entretient la promesse d’un accès au savoir libre et éternel pour tou·tes. On l’idéalise comme une nouvelle mémoire externe qui remplacerait celle de l’être humain en enregistrant, valorisant, protégeant plus efficacement notre patrimoine. Via des algorithmes, nous gardons les traces immatérielles de notre monde, nous construisons peu à peu un metaverse fait de multiples polygones qui composent des surfaces, des peaux sans substance, pâle reflet du tangible. Nous créons des simulations du réel en scannant nos objets et monuments dans le but de les «  sauvegarder » ou les « préserver ». En plus d’appauvrir l’information en passant du monde physique à celui des algorithmes, les objets scannés ne sont que vanités. Cette mine d’or est fragile, les fichiers numériques peuvent s’altérer de multiples manières. Que restera t-il de nos données stockées sur des supports physiques voués à l’obsolescence ?

 

Archéologie du projet

Scan, photogrammétrie, bougie et crâne

Ce projet est né initialement du désir de proposer un workshop d’impression 3D sans avoir à se préoccuper de savoir modéliser, ce qui est souvent aspect rebutant pour les publics non initiés. Nous avons donc commencé à nous nous intéresser à la technique du Scan 3D de plus en plus accessible, notamment grâce aux applications pour smartphone. 

En réalité les smartphones permettent de créer des modélisations d’objets existant selon une technologie différente de ce que l’on appelle « Scan ». Ils utilisent la  photogrammétrie, une méthode qui permet de construire une modélisation à partir de photographies prises de différents points de vue. Une caméra de smartphone peut alors suffire à obtenir un scan relativement propre si l’environnement est stable et simple.

  Polycam

    Regard 3D

Nous avons commencé par tester plusieurs manière de faire de la photogrammétrie pour voir les différences dans les géométries crées. D’abord en travaillant avec le logiciel open-source Regard 3D, en nous appuyant sur des photographies que nous avions pris au préalable de manière très propre en studio photo avec un bon appareil. Puis nous avons testé l’application pour smartphone Polycam dans un processus beaucoup moins appliqué, sans stabilisateur et à main levée.

Boucle et Vanité

Nous avons ainsi initié un protocole permettant de rendre compte des limites des technologies de Scan 3D. Un protocole dont le but est d’épuiser petit à petit la forme originelle à coup d’aller-retour entre monde physique et virtuel. 

Pour nos premiers objets sujets d’expérimentation nous avons choisi de nous inspirer de deux vanités en Histoire de l’art : la bougie et le crâne. Symbolisant le temps qui file sans attendre l’homme, ces objets nous semblaient être une bonne manière d’aborder d’un oeil critique la croyance selon laquelle le numérique permet de défier le temps et d’accéder à l’éternité. On oublie souvent qu’avant d’exister dans un cloud, nos données sont stockées sur des supports physiques fragiles, dans des systèmes d’exploitation voués à l’obsolescence. 

« Vanité numérique » est le nom de la série de scupltures imprimées en 3D. Chaque sculpture est numérotée de la manière suivante correspondant à son itération : « Vanitas1 », « Vanitas2 », « Vanitas3 », « Vanitas4 », etc.

La série est générée à partir du protocole suivant :

Vanitas1  : Nous faisons un scan 3D d’un crâne et d’un chandelier. Cela génère une chimère d’objets uniquement surfacique, sans aucun poids et plein de bugs et d’aberrations. Nous imprimons ensuite en 3D cette sculpture.
Vanitas2 : nous scannons la sculpture Vanitas1, puis nous l’imprimons en 3D.
Vanitas3 : nous scannons la sculpture Vanitas2, puis nous l’imprimons en 3D. 
Vanitas4 : nous scannons la sculpture Vanitas3, puis nous l’imprimons en 3D. 

etc.

À chaque boucle, le scan détruit de la donnée, à chaque boucle, l’impression 3D couche par couche détruit encore un peu plus la forme le l’objet initial.

   Premiers scans du crâne et de la bougie 

    Première chimère réalisée à partir des deux scans séparés 

Vanitas1.jpg

Une boucle du projet Vanitas commence toujours par la création d’une image du maillage 3D ensuite imprimée au format A1. Pour créer l’image, on passe par une observation attentive du maillage pour sélectionner l’endroit que l’on trouve le plus intéressant graphiquement. L’idée n’est pas de reconnaitre la forme mais de s’intéresser à la texture du maillage ne polygone, qui devient de moins en moins précise au fil des itérations.
    Deux rendus globaux préalables 

    Vanitas1.jpg

Vanitas1.stl

Vanitas1.stl est la première impression 3D de la série. La sculpture est imprimée avec une buse de 0.6, les stries d’impressions sont donc assez épaisses et participent à altérer la forme originale. L’impression d’une pièce si complexe fut un véritable défis. En réalité l’impression est divisée en deux parties ensuite collées, pour minimiser le temps d’impression et la présence du supports.

Vanitas2.jpg

Vanitas2.jpg est réalisée suite au scan 3D de Vanitas1.stl. On peut nettement voir que le maillage commence à se dégrader et s’éloigne de la forme originelle. 

 

Enveloppe, peau, surface

Après avoir imprimé un première version de Vanitas1.stl nous avons constaté que le résultat ne reflétait assez l’aspect « peau » et surfacique que représente un scan 3D. En effet, l’un des aspect qui nous intéresse est la façon dont le scan donne l’illusion de 3D à travers une enveloppe vide. Nous sommes actuellement en expérimentation afin d’imprimer des pièces qui traduisent mieux cet effet de peau, notamment en travaillant avec des parois très fines, des supports d’impression solubles et un filament d’impression transparent.